Marie-Françoise DEPOORTER, la reine du tir subaquatique

9 mai 2023
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La Réunion regorge de pépites, et Marie-Françoise DEPOORTER en fait partie. Elle nous revient tout juste avec une médaille d’or et de bronze, sacrée championne de France de tir sur cible subaquatique. C’est une fierté pour Saint-Paul !

Le tir sur cible subaquatique est une discipline qui émerge dans les années 80 de manière à ce que les chasseurs sous-marins puissent s’entrainer en hiver. Aujourd’hui, elle compte plus de 700 compétiteurs, tous regroupés le weekend dernier au championnat de France à Annecy. C’est un sport qui demande précision et rapidité. Sous l’eau, en apnée avec une cible installée à au moins trois mètres de distance, le nageur part avec une gueuse qui lui permet de se stabiliser au fond de l’eau. Une fois positionné, il doit viser puis tirer avec une arbalète, sur un temps donné. La flèche part à 60 km/h. La discipline compte quatre épreuves : précision, biathlon, super biathlon, et relais ; que Marie-Françoise aura réussi avec brio.

Depuis sa tendre enfance, la sportive de haut niveau a développé une passion pour l’eau et l’apnée, ce qui l’a conduite à pratiquer le hockey subaquatique pendant quelques années. Finalement, son goût pour l’originalité l’aura poussé à commencer le tir subaquatique après une journée sportive à Dunkerque. Elle débute alors le tir en 2008 et reprend la compétition en 2009 en s’engageant pour les championnats régionaux et nationaux de France. Fin 2010, Depoorter doit mettre son entraînement entre parenthèses car elle déménage à Mayotte, puis à la Réunion en 2013. Mais c’est en 2015 que le destin lui sourit. Elle entend à la radio qu’une initiation au tir sur cible a lieu lors d’une Journée des Sports à Saint-Denis. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Antoine RUDOLFO, un professionnel dynamique et expérimenté dans le monde de l’apnée, du tir et de la compétition. Le courant passe et il devient son entraîneur et son mentor.

Elle développe aussi un lien fort et fraternel avec son équipe. Si maintenant il existe deux clubs de tir subaquatique sur l’île, ils décident quand même de s’entrainer ensemble, et ce malgré les positions géographiques de chacun. Un lien qui se ressent dans la réussite sportive : lors de l’épreuve du relais, une étape qui ne compte pas dans le classement, ils sont arrivés sixième sur seize, sans même l’avoir pratiqué pendant un an !

Marie-Françoise est une aventurière dans l’âme. Sa motivation ne s’essouffle pas. En 2022, elle a remporté 4 médailles d’argent et en 2023 obtient le titre de championne de France en arrivant même 7ème toutes catégories confondues. Elle n’a pas peur de se lancer dans de nouveaux projets, au contraire et à repousser les limites. Ce qui l’anime, c’est sa passion pour le tir subaquatique. Une pratique qui requiert un travail sur soi, puisqu’il demande de bien se connaitre pour pouvoir réaliser les meilleures performances possibles sans se mettre en danger. C’est tout autant un travail de stratégie et de réflexion derrière, mêlant calme et dynamisme. C’est d’ailleurs ce besoin d’être serein et précis pour bien tirer mais en même
temps rapide pour assurer les longueurs en apnée du biathlon qui plait à la nouvelle championne de France. Être dans sa bulle, apprendre à se connaître, relâcher la pression, repousser ses limites : de belles activités au programme !

Il n’est pas nécessaire d’avoir un esprit compétitif pour remporter la médaille. Si Marie-Françoise s’est lancée dans la compétition, c’est le plaisir de pratiquer un sport à un niveau qui lui permet de repousser ses limites et d’améliorer ses performances. La pratique du sport a haut niveau, elle le fait avant tout pour elle, pour être fière d’elle-même et de tout ce qu’elle a accompli, pour finaliser tout une période d’efforts et d’entrainements. Atterrir sur le podium n’est alors que la cerise sur le gâteau de cette passion pour le tir subaquatique et du plaisir de le pratiquer. Il faut toujours se dépasser, mais dans la limite du plaisir. Si le stress l’envahi lors des épreuves, elle se rappelle que cet instant n’est qu’un moment de bonheur total, dans lequel il faut s’amuser. Sans oublier la pensée pour ses enfants et son mari qui font baisser le rythme effréné de son cœur au moment du tir.

La joie fut grande lorsqu’elle obtenu le titre de Championne de France, même si ce n’est pas la première fois qu’elle remporte une médaille. Marie-Françoise incarne la détermination, puisqu’elle est la seule féminine à avoir fait les 4 podiums. Sa médaille remportée la semaine dernière a fait le bonheur autour d’elle, et participe à faire de cette île un endroit qui regorge de talents. Certes, La Réunion est nouvelle dans le tir subaquatique, mais elle ne manque pas de savoir-faire ! C’est un plaisir pour elle d’avoir pu rapporter la médaille à son équipe et aussi à son entraineur. C’est un honneur de partager son succès à La Réunion et contribuer à sa valorisation.
Sa famille et ses amis ont aussi été une source constante d’encouragement. Organisée de manière à pouvoir respecter un équilibre personnel, professionnel et sportif, elle a ainsi réussi à jongler entre ces différents domaines. Hormis son titre de championne de France, elle est aussi mère, femme, amie et auto-entrepreneure. Elle a récemment développé son entreprise de bien être pour la jeunesse, Helyanwë. Une championne polyvalente, dirait-on et une inspiration pour toutes celles et ceux qui pensent qu’une médaille serait accessible que sous certaines conditions. Son meilleur conseil est de “toujours essayer, de toujours tenter. La peur n’est qu’un frein qui éloigne de découvertes surprenantes”. Il est vrai que le tir subaquatique est un sport étonnant, et qui met de la joie dans le cœur. Prochaine étape pour l’équipe réunionnaise? La première open international de Caen dans 2 semaines. Un nouveau défi pour nos sportifs de haut niveau.