Tapimandyan, Chanson réunionnaise et chanson du monde

11 avril 2023

La démarche du groupe de musique s’appuie sur la volonté de Rouge Bakoly d’aller à la rencontre de publics diversifiés, éloignés de l’offre culturelle, dans le Bassin Nord et Est de l’île, mais aussi dans les hauts, dans l’Ouest et dans le Sud. Dans le dispositif Guétali 2022-2023, au Tapimandyan de La Sépia s’ajoute un sous-titre Ici en haut, ici en bas : qui parle d’une « décentralisation » qui est chère à cette structure de production de spectacle vivant.

Valoriser les publics réunionnais : Tapimandyan ici en haut, ici en bas

À la Réunion, les artistes témoignent souvent de leur incompréhension d’un système qui ne les valide que s’ils sortent et trouvent une reconnaissance à l’extérieur de l’île. À contrario, La Sépia veut se faire connaître en premier lieu à l’intérieur de l’île, approcher les publics réunionnais et valoriser leur regard sur l’objet artistique Tapimandyan. Ce recentrage, voire cet ancrage dans sa région d’origine répond à une réflexion commune à beaucoup d’acteurs culturels de par le monde. Certains tentent aujourd’hui de repenser les modes de consommation, La Sépia souhaite s’engager vers une « culture-construction » plutôt qu’une « culture- consommation ». « Agis dans ton lieu, pense avec le monde » C’est une citation d’Edouard Glissant qui vient soutenir et résumer le désir du groupe de façonner de nouveaux rapports avec ses partenaires, qu’ils soient habitants, acteurs culturels, institutions et collectivités. Ce projet de diffusion en décentralisation s’inscrit dans une volonté de se recentrer sur le local et ses ressources.

Le tapis mendiant, objet artisanal traditionnel et titre du spectacle

La production artisanale de tapis mendiant (tapimandyan) encore présente dans les familles, comporte plusieurs aspects qui permettent à Cécile Fontaine, chargée de la médiation et de l’action culturelle autour du spectacle d’entrer en contact avec :

▪ Des savoir-faire traditionnels
▪ Des femmes
▪ De la mémoire, des souvenirs
▪ La notion de « récupération », de deuxième vie
▪ La notion du faire/fabriquer comme prétexte pour « se dire »

L’action culturelle n’est pas envisagée dans un schéma descendant où l’on viendrait apporter la culture. La culture est déjà présente en chacun de nous. L’idée est bien de trouver les moyens de valoriser cette culture, ces savoir-faire et de faire se rencontrer deux champs a priori sans point commun ici: la musique et la couture.

« Shanté Fantézi, Romans Surpiké, Voyaz Kromatik » tel est l’âme de ce projet que vous pourrez découvrir ce samedi 15 avril à 17h à Grande Fontaine (kiosque de la mairie annexe). Des compositions intimistes en créole réunionnais. Des textes doux ou abrasifs, toujours poétiques. Des mélodies évidentes, un brin décalées. Une interprétation sensible. Depuis 2017, La Sépia s’est attachée à définir sa couleur musicale en travaillant d’abord son répertoire de reprises : Bibi, Elizabeth Cotten, Judy Henske, Harry Belafonte, Bettye Lavette, Alain Peters, Michou, Danyèl Waro…Sur cette trame Tapimandyan -assemblage d’une multitude de petites pièces colorées d’origines variées- La Sépia applique ses compositions intimistes en créole réunionnais, et les livre au public au cours de son concert tout en nuances et en délicatesse.

Durée : 1h30 Gratuit – TOUT PUBLIC